Accord d'entreprise "Accord portant sur la mise en place de l'activité partielle de longue durée" chez EUROVIA PICARDIE (Siège)
Cet accord signé entre la direction de EUROVIA PICARDIE et les représentants des salariés le 2022-11-25 est le résultat de la négociation sur les indemnités kilométriques ou autres, les dispositifs de couverture maladie et la mutuelle, les formations, les congés payés, RTT et autres jours chômés, les mécanismes de retraite complémentaire ou de retraite supplémentaire, diverses dispositions sur l'emploi, les dispositifs de prévoyance, l'intéressement, divers points.
Périmètre d'application de la convention signée entre l'entreprise et les représentants des salariés
Numero : T06022004909
Date de signature : 2022-11-25
Nature : Accord
Raison sociale : EUROVIA PICARDIE
Etablissement : 40416412100059 Siège
Autres points : les points clés de la négociation
La négociation s'est portée sur les thèmes suivants
Conditions du dispositif autres points pour les salariés : le texte complet de l'accord du 2022-11-25
ACCORD PORTANT SUR LA MISE EN PLACE DE L’ACTIVITE PARTIELLE DE LONGUE DUREE |
Entre
La Société EUROVIA PICARDIE, Société par Action Simplifiée, au capital de 315.540 €, immatriculée au Registre du Commerce et des Sociétés de Compiègne sous le n°404 164 121 dont le siège social est situé Boulevard Henri Barbusse – 60150 THOUROTTE, représentée par … agissant en qualité de Président,
D’une part,
Et
Les Organisations Syndicales Représentatives au sein de la Société EUROVIA PICARDIE, représentées par :
Pour la CFDT, Madame …, Déléguée Syndicale Centrale,
D’autre part,
PREAMBULE
Dans le cadre du conflit en Ukraine, dont les répercussions atteignent directement et durablement le secteur des travaux publics et la société EUROVIA PICARDIE en particulier, la direction et les organisations syndicales ont décidé de mettre en place un ensemble de mesures permettant de faire face à cette situation exceptionnelle.
Bien que société EUROVIA PICARDIE ait pu maintenir son activité depuis le mois de mars 2022, nous subissons une baisse durable de notre activité liée à un contexte économique difficile, conséquence directe du conflit en Ukraine.
La situation de notre Société EUROVIA PICARDIE est très tendue.
En effet, l’hyper-inflation du prix des carburants (+ 17 % pour le GNR, +35 % pour le gazole), des énergies (le prix de l’électricité a été multiplié par 6) et des matières premières (+ 300 % pour l’acier en 18 mois, + 25 % pour le béton, + 8 % pour les granulats, + 30 % sur le bitume + le prix du Gaz a été multiplié par 8) est très impactante pour notre activité.
La situation actuelle est d’autant plus compliquée que le prix de nombreuses fournitures ne sont plus garantis que quelques jours, voire quelques heures.
Dans ce contexte, nous avons été contraints de réviser nos prix et de répercuter l’inflation que nous subissons sur nos devis. La clause de révision des prix applicable dans la commande publique n’a que très partiellement permis la répercussion des surcoûts de production sur nos marchés en cours mais malgré cela nos clients -publics et privés- sont de plus en plus réticents à engager de nouveaux projets ; leurs budgets étant fortement grevés par les coûts énergétiques.
Occulté
Au-delà des problématiques de coût de production, nous faisons également face à des difficultés importantes d’approvisionnement de certaines matières premières indispensables à notre activité et notamment, de bitume pour les travaux de voirie. A l’issue de la crise sanitaire la demande était en forte hausse alors que l’offre se trouve désormais réduite du fait du conflit. Dans ces conditions, nous subissons des arrêts de chantiers et nous ne pouvons donc plus travailler. Nous ne sommes pas en mesure de réaffecter les équipes sur d’autres chantiers car nous n’avons pas l’activité nécessaire.
D’autre part, compte-tenu de notre activité nous risquons également de subir des coupures d’énergies sur nos industries fournisseurs, les empêchant de produire (enrobés ou béton) et donc arrêtant immédiatement, sans solution de replis, nos équipes.
La conjoncture des travaux publics demeure morose et sans dynamique comme en atteste la FNTP en août 2022 :
le volume d’heures travaillées, en repli de - 2,5% sur les douze derniers mois glissants.
les facturations restent en recul de - 2,8% et de - 8,5% sur un an en cumul depuis janvier 2022.
les prises de commande sont en recul de 7,6% en volume sur douze mois glissants,
les appels d’offres sont en recul de 25,4% en 2022 par rapport à la moyenne des années 2017 à 2019.
Ainsi, cette baisse de dynamisme des carnets de commande est constatée en particulier du côté des collectivités publiques. De nombreux chantiers sont arrêtés, vont l’être ou vont être diminués pour rester dans le budget initial (phénomène de shrinkflation). En effet, les hausses de coûts sont difficiles à répercuter et de fait les collectivités publiques arbitrent en défaveur des investissements.
Enfin, la décision gouvernementale de ne pas indexer la Dotation Globale de Fonctionnement sur l’inflation revient à baisser les ressources des collectivités locales pour l’année 2023. Il est précisé que la précédente baisse de ressources décidées par l’Etat, entre 2013 et 2016, avait fait chuter l’investissement local de 18 % et l’activité des Travaux Publics de 20 %.
D'après les statistiques, environ 22% d'affaires en moins sont sorties en marchés publics. Ce constat ne fait que confirmer la baisse du volume d’appels d’offre que nous enregistrons depuis 3ème trimestre 2022.
L’effet ciseau, provoqué par une baisse des ressources et une hausse des charges, est d’autant plus inquiétant car l’année 2023 correspond au mi-mandat municipal, période traditionnellement favorable aux projets. La reprise de la dynamique habituelle des investissements locaux tarde à se concrétiser, dans un contexte global d’attentisme trouvant son origine dans les fortes incertitudes économiques et géopolitiques actuelles.
Sur le dernier trimestre, le volume de publications d’affaires est en nette diminution et nous n’avons aucune perspective de reprise à moyen et long terme.
Enfin, les affaires obtenues sont bloquées en réalisation, les chantiers sont reportés et nous n’avons aucune visibilité quant à leur date de démarrage. En parallèle, les chantiers en cours nécessitent peu de main d'œuvre et ne permettent pas d'occuper la totalité du personnel. Les possibilités de reclassement sur d'autres établissements restent limitées car ceux-ci rencontrent les mêmes difficultés.
Cette situation est donc très impactante pour notre activité.
La baisse des commandes (publiques et privées) et le manque de perspectives d’une reprise de l’activité à moyen / long terme ont un impact direct sur le plan de charge de certains de nos salariés. Nous ne sommes plus en mesure de garantir à nos salariés une charge de travail suffisante pour les occuper à temps plein sur les prochains mois. La situation représente un réel risque sur leur emploi.
Nous sommes donc contraints de présenter une demande de recours à l’activité partielle de longue durée afin de pallier une baisse durable de l’activité.
Ce phénomène peut se prolonger durant plusieurs mois, sa durée et son ampleur dépendront principalement de nos futures réussites aux prochains appels d’offres, sous réserve qu’il y en ait rapidement de nouveaux.
Champ d’application de l’accord
L’accord s’applique à l’ensemble des établissements de la société Eurovia Picardie à savoir, au moment de la signature de l’accord :
L’Etablissement de COMPIEGNE constitué de :
L’entité de COMPIEGNE, située Boulevard Henri Barbusse – 60 777 THOUROTTE (SIRET : 404 164 121 00059),
L’Etablissement d’AMIENS constitué de :
L’entité de CAMON, située 474 Rue du Général de Gaulle – Z.A de la Blanche Tâche – 80 450 CAMON (SIRET : 404 164 121 00075),
L’entité d’ABBEVILLE, située Route de Doullens – 80 103 ABBEVILLE (SIRET : 404 164 121 00125),
L’Etablissement de CREIL constitué de :
L’entité de SAINT LEU D’ESSERENT, située Rue Marcel Paul – 60 340 SAINT LEU D’ESSERENT (SIRET : 404 164 121 00042),
L’entité de BEAUVAIS, située Z.A de Pinconlieu – 2 Imp. de la Terre Jean Jacques – 60 000 BEAUVAIS (SIRET : 404 164 121 00141),
L’Etablissement de LAON constitué de :
L’entité de LAON, située ZAC du Champ du Roy – 6 Rue Turgot – 02 002 LAON (SIRET : 404 164 121 00133).
Mise en œuvre du dispositif d’activité partielle de longue durée
Article 1- Activités et salariés concernés de l'établissement
En application du présent accord la mise en œuvre du dispositif d'activité réduite concerne l’ensemble des salariés de la société.
Tous les salariés de l’établissement ont vocation à bénéficier du dispositif quelle que soit la nature de leur contrat de travail (CDD, CDI, contrat d’apprentissage, contrat de professionnalisation).
Il ne pourra être fait appel à ce dispositif que s’il n’existe aucune « place » disponible dans la société, dans les compétences du salarié considéré ; y compris en remplacement d’intérimaires en poste.
Article 2 - Réduction maximale de l'horaire de travail dans l'établissement
Les parties conviennent que la réduction de l’horaire maximale dans la société sera de 40% de la durée légale du travail (soit 1280 h pour 24 mois). Cette réduction s'apprécie sur la durée d'application de l'activité réduite, telle que prévue à l'article 13 du présent accord. Son application peut conduire à la suspension temporaire de l'activité sur certaines périodes.
Cette réduction d’horaire n’a vocation à s’appliquer qu’aux salariés visés à l’article 1 du présent accord.
La limite maximale visée au précédent alinéa peut être dépassée, sur décision de l'autorité administrative, pour des cas exceptionnels résultant de la situation particulière de la société. Toutefois, la réduction de l'horaire de travail ne peut être supérieure à 50% de la durée légale du travail.
Les salariés seront informés par écrit (y compris SMS) de leurs périodes d’activité partielle dans un délai de 2 jours ouvrables.
Un point mensuel sur recours à l’activité partielle sera réalisé lors des réunions ordinaires des CSE d’établissement concernés.
Article 3 - Indemnisation des salariés en activité réduite dans l'établissement
En application des dispositions fixées par la loi et le décret n°2020-926 du 28 juillet 2020, l’employeur verse une indemnité au salarié en activité partielle longue durée équivalent à 70% de son salaire brut avec un plancher à 8,76€ par heure et un plafond fixé à 70% de 4,5 SMIC.
Cette indemnité est exonérée de charges sociales. Elle ne supporte que la CSG et la CRDS.
Le taux de principe est fixé actuellement à 6,7% (6,2% de CSG et 0,5% de CRDS).
Les engagements pris par l’employeur
Article 4. Engagements de l'établissement en matière d’emploi
En contrepartie des mesures susvisées, la société s’engage à ne pas procéder à des licenciements pour motif économique pendant la durée d'application dudit accord. Cet engagement porte sur l’ensemble des salariés de la société visés par l’activité réduite.
Article 5. Engagements de l'établissement en matière de formation professionnelle
Les parties conviennent de l’importance de continuer à former les salariés afin d’accompagner au mieux la relance de l’activité dans la société.
Il est rappelé que tous les dispositifs de formation en vigueur peuvent être mobilisés dans le cadre d’un projet de formation élaboré conjointement par l’employeur et le salarié.
Dans cette optique, l'employeur s'engage à examiner les actions de formation susceptibles d'être organisées durant les périodes d’activité partielle longue durée, dans les mêmes conditions que celles relatives à la mise en œuvre du plan de formation pendant le temps de travail. Ces actions peuvent être engagées pendant les heures chômées. Sont visées les actions de formation, de bilan de compétences, de validation des acquis de l'expérience etc.
Les CSE d’établissement seront tenus informés du bilan des actions au titre du plan de développement des compétences.
En outre, la société s’engage à maintenir un effort de formation d’au minimum 0.5% de la masse salariale de la société en complément de la contribution légale obligatoire à la formation professionnelle continue (1% de la masse salariale de la société).
Article 6. Les conditions de prises des congés payés
Préalablement ou concomitamment à la mise en œuvre du dispositif d’activité partielle longue durée, les salariés bénéficiaires pourront prendre leurs congés payés acquis et leurs jours de repos (RTT, congés d’ancienneté…).
Il est rappelé que le choix des dates de congés payés relève du pouvoir de décision de l’employeur qui fixe les dates de départ en congé des salariés conformément aux dispositions en vigueur, la loi encadrant ce dispositif sera appliquée.
Dans la mesure du possible, un délai de prévenance raisonnable sera respecté par la Direction pour informer les salariés.
Article 7. Personnel intérimaire et mise à disposition entre établissements
Préalablement à la mise en œuvre du dispositif d’activité réduite, la Société s’engage à étudier toutes les possibilités de mise à disposition du personnel entre établissements.
Avant toute décision de recours à du personnel intérimaire, la Société favorisera la mise à disposition du personnel entre établissements.
SITUATION DU SALARIE PENDANT L’APPLICATION DU DISPOSITIF
Article 8. Impact
Toutes les heures chômées au titre de l’activité partielle n’impactent pas :
- le calcul de la répartition de la participation et de l'intéressement. |
Article 9. Les cotisations de frais de santé et de prévoyance
Les salariés continuent de bénéficier des garanties frais de santé et prévoyance pendant les périodes d’activité partielle. Le paiement des cotisations par les salariés, notamment sur les indemnités d’activité partielle, est maintenu pendant toute la durée de suspension du contrat de travail sauf décision contraire de la commission santé prévoyance (EUROVIA /PROBTP).
Article 10. Retraite Régime général
L’ensemble des périodes d’activité partielle est pris en considération en vue de l’ouverture du droit à la pension de retraite.
Article 11. Retraite Régime complémentaire AGIRC-ARRCO
Les institutions AGIRC-ARRCO accordent une attribution gratuite de points pour les périodes d’activité partielle supérieures à 60 heures par an. L’activité partielle n’a donc pas d’impact dans ce cas-là.
IV-Dispositions finales
Article 12. Périmètre de l’accord
Le présent accord est directement applicable dans l’établissement aux salariés définis à l’article 1 du présent accord.
Article 13. Prise d’effet et durée de l’accord
Le présent accord est conclu pour une durée déterminée de 24 mois et prendra effet le 1er janvier 2023.
Article 14. Modalités de suivi de l’accord
Le suivi de l’application du présent accord sera assuré par les CSE d’établissement et les organisations syndicales signataires selon une information faite tous les trois mois lors de la réunion de CSE. Les informations transmises porteront en particulier sur les activités et salariés concernés par le dispositif, sur les heures chômées, ainsi que sur le suivi des engagements en matière d'emploi et de formation professionnelle. Un point mensuel sur le recours à l’activité partielle sera réalisé lors des réunions ordinaires des CSE d’établissement concernés (un modèle de fiche mensuelle d’information est annexé au présent accord – annexe 2).
Par ailleurs, tous les six mois, l’employeur effectue une demande de renouvellement de l’autorisation. Pour ce faire, il transmet à l’autorité administrative un bilan portant sur le respect des engagements en matière d’emploi, de formation professionnelle et d’information des instances représentatives du personnel sur la mise en œuvre de l’activité réduite.
Ce bilan est accompagné du procès-verbal de la dernière réunion au cours de laquelle les CSE d’établissement, ont été informés sur la mise en œuvre de l'activité réduite et le diagnostic actualisé sur la situation économique et les perspectives d'activité.
Article 15. Procédure de validation et publicité
Le présent accord est transmis à l'autorité administrative via la plateforme activitepartielle.emploi.gouv.fr. La DREETS dispose de 15 jours pour valider l’accord. La décision est rendue pour une durée de six mois et est renouvelée par période de six mois.
Article 16. Révision
Le présent accord peut être révisé à tout moment pendant sa période d'application, par accord collectif conclu sous la forme d'un avenant. A la demande d'engagement de la procédure de révision sont jointes les modifications que son auteur souhaite voir apporter au présent accord. La demande est adressée, par tout moyen permettant de lui conférer date certaine, à l’employeur et à l'ensemble des organisations habilitées à négocier. Les conditions de validité de l'avenant de révision obéissent aux conditions posées par l'article L.2232-6 du Code du travail.
Article 17. Formalités de publicité et de dépôt
Conformément aux articles D.2231-2 et D.2231-4 du Code du travail, le texte du présent accord sera déposé sur la plateforme téléaccords.travail-emploi.gouv.fr et auprès du greffe du Conseil des Prud’hommes de COMPIEGNE.
Chaque signataire recevra un exemplaire de cet accord.
La décision de validation de l’autorité compétente est portée à la connaissance des salariés par voie d'affichage sur leurs lieux de travail ou par tout autre moyen permettant de conférer date certaine à cette information.
Fait à THOUROTTE, le 25 novembre 2022 en 3 exemplaires originaux
Pour la CFDT Madame … |
Pour la Direction Monsieur … |
ANNEXE 1 : Diagnostic sur la situation économique de l'établissement et sur les perspectives d'activité
ANNEXE 2 : Modèle d’information mensuelle des CSE pour le suivi de l’APLD
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